dimanche 10 juillet 2016

La culpabilité des complexes

Il faut que je t'avoue quelque chose. Je pense que tu dois même certainement t'en douter : je suis une fille bourrée de complexes. Voilà. C'est dit. Et au vue des moqueries reçues par les garçons (et certaines filles) de ma classe durant mon adolescence, je te le dis d'entrée de jeu, j'ai grandis avec cette idée que j'étais grosse et pas très jolie. De cette idée, j'en ai fait une croyance. Une croyance gravée dans la roche. J'ai vite compris que j'étais peut-être drôle et intelligente, mais qu'aux yeux de certains j'étais "moche". Mon charme vient de ma personnalité, pas de mon physique. C'est ma croyance, celle de mon ego, celle établie par les mots des autres. Et quand je me regarde dans le miroir, je ne vois que mes petits bras dodus, mon gros cuissot ou mes dents de traviolle. Le canon de la beauté, cela n'a jamais été moi.

Heureusement, je n'ai jamais fait de mes complexes une fatalité. J'aime rire et faire rire. J'aime danser, sortir, rencontrer des gens. Je ne me suis jamais terrée dans un trou, cachée dans un gros édredon. J'aime chercher de jolis vêtements et essayer de me mettre en valeur. Je sais que j'ai des jolis yeux que j'aime prendre le temps de maquiller. Je sais que j'ai une taille fine que je prends plaisir à souligner à coup de robes ou de tailles montées.

Et pourtant, je sais aussi que je ne suis pas jolie. Je n'y crois pas. C'est comme ça. Je ne cherche pas de la pitié ou des "mais oui t'es belle", tant que je ne le croirai pas moi-même, personne ne pourra me mettre ça dans la tête. Je pensais que quand j'allais être grande, ou quand j'allais avoir 30 ans, je prendrais de l'assurance et que tout serait fini, ou presque. Mais non... Il y a ces rares jours où je me regarde et je me plais. J'aime un détail, une allure... Mais ces jours aussi où j'essaye aussi d'oublier cet angle de moi qui fait que lorsque je me tiens de telle façon on perçoit mes bras mous, mon double menton ou mon bon cuissot.

Cependant, aussi contradictoire que cela puisse paraître, j'aime la vie. J'aime MA vie. Pour rien au monde je ne la changerais avec qui ce soit et nombreux sont les jours où je remercie l'Univers de me donner ce qu'il me donne. Ce dont je suis certaine c'est que si je n'avais pas été celle que je suis, avec mes forces et mes faiblesses, je n'aurais pas la vie que j'ai. Mes complexes ont renforcé mon caractère. Ne m'ont jamais fait plier sous le vent, malgré la culpabilité d'aimer la vie et de la croquer à pleine dent, à pleine bouche, telle une bonne pâtisserie réconfortante. D'ailleurs on le dit "l'appétit de vivre". Et tel est mon cas. Je suis un ogre de la vie.

Aimer la vie

Alors lorsqu'Elsa Makeup a sorti sa video sur la différence la semaine même où j'avais décidé de me lancer dans le Top Body Challenge, cela n'a pu que me faire réfléchir. Ce petit bout de femme avait compris ce que j'avais encore tellement de mal à comprendre.

Tu vois, dans notre société, on nous fait culpabiliser pour tout : de ne pas manger assez bien, de ne pas se bouger assez fort, de ne pas se lever assez tôt et j'en passe. Je suis la première à dire qu'on est responsable de sa vie, et responsable de son bonheur. Qu'il ne tient qu'à nous de changer, car l'on ne peut pas changer le monde extérieur. Mais la culpabilité doit-elle forcément découler de la responsabilité ? Elsa mentionne que rien n'est parfait, or on nous apprend que l'on doit tout faire pour le devenir. Que si nous n'avons pas la vie que nous rêvons, ou le corps que nous rêvons, c'est bien de notre faute. Après tout on n'a qu'à se bouger, dans tous les sens du terme.

Pourtant je pense qu'accepter nos faiblesses et être tolérant envers nous même c'est le premier pas du changement. Je suis responsable pour plein de choses dans la vie, et je pense mener une vie saine sans excès. Je ne bois pas, je ne fume pas, je ne me drogue pas, je vais me coucher tôt, je travaille et j'ai des activités saines. Mais je ne fais pas de sport et je trouve que la vie serait bien trop triste sans une bonne part de tarte. Est-ce que cela fait de moi une ratée ? Une personne qui ne peut se réaliser ? Est-ce que je dois continuer à batailler pour un corps que je n'aurai peut-être jamais ? Et faire des choses qui vont à l'encontre de ce que je suis ou de ce que j'ai envie ? La vie est bien trop courte et bien trop belle pour se morfondre ou se priver.

C'est difficile de trouver la juste balance dans son mode de vie ou de retrouver un mode de vie naturel vers lequel nous voulons tendre. C'est difficile aussi d'accepter le juste message de développement personnel. Je peux changer oui, je veux changer oui, mais à quel prix ? Dans quel but ? Pour plaire à qui ? Pour rentrer dans quel moule ? Si j'étais ma meilleure amie, je me dirais que le physique on s'en fout, que ce serait bien triste que mon entourage ne m'aime que pour ça. Que c'est bien plus beau d'aimer quelqu'un pour ce qu'il est vraiment, que pour ce qu'il parait être. Alors pourquoi vouloir à tout prix changer ce qui est si difficile à changer ? Pour apaiser cette culpabilité ? Est-ce qu'au final on ne se sentira pas coupable d'autre chose après avoir atteint ce but-là ?

S'accepter, ce n'est pas une chose facile, nous avons chacun notre bagage, notre histoire, nos failles et je pense que le début de cette acceptation commence par reconnaître cette petite voix qui nous parle. Qui est elle ? Représente-t-elle une personne ? Que nous veut-elle ? Essaye-t-elle réellement de nous protéger ? Contre qui ? Analyser cette partie de nous qui nous flagelle, ne pas tenter de l'annihiler, mais de converser avec elle. L'accepter elle aussi, mais ne pas lui laisser mener la barque. On a le droit de se sentir et gros, et moche, et nulle. On a le droit de ne pas pouvoir ou de ne pas savoir changer ces choses-là. Tout comme on a le capacité de sublimer ces magnifiques choses qui font que nous sommes ce que nous sommes, et qui font que si nous sommes là où nous sommes, c'est pour une bonne raison. Car qu'on se le dise, rien n'arrive jamais par hasard... Il y a fort à parier, que nos qualités y sont aussi pour quelque chose.

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