Doux comme un mouton.

Je suis un mouton. Saches le. Je me déteste souvent d'être un mouton, parce que d'une certaine façon ça veut dire que je n'ai pas de volonté, ou peu de caractère. Pourtant du caractère j'en ai, et à croire celui qui vit avec moi, j'en ai même un foutu. Du genre je sais ce que je veux, j'agis parfois en despote, je bourre dans le tas, je ne me laisse pas faire, je parle avant de réfléchir, toussa. Mais l'avis des autres, je l'aime bien. J'aime bien savoir ce qu'ils pensent, ce qu'ils font et quand il y a du matraquage de produits de consommation n'importe lequel que ce soit, tout mon caractère se volatilise comme par magie pour laisser parler en moi une bien faible acheteuse. J'ai des limites bien sûre, des envies qui me sont propres, une conscience, souvent je n'achète pas parce que j'ai des factures à payer et que je ne me mettrai jamais en danger pour un "produit". Acheteuse oui, compulsive, non.

D'abord, je me suis laissée avoir avec les vernis. Alors oui des vernis j'en ai toujours eu, oui ils remplissaient déjà un compartiment du frigo, mais jusqu'ici je me contentais de mes fameux petits vernis du marché. Même que fièrement j'en ramenais à mes copines. Puis bon, tu le sais, je traine sur la blogo tout ça, j'entends parler d'Essie, j'entends parler de Ozotic, et d'abord je me dis "non, non, non", puis à peine un mois plus tard, il m'en faut un. Genre c'est devenu vitale. Je scrute, je traine, je fais des paniers, je cherche les bonnes affaires, je faiblis et j'achète. Mon dernier vice verniesque ? Vouloir un meuble à vernis comme toutes NPA qui se respectent.

Le vernis ce n'est qu'un piètre exemple, j'ai eu ça avec le smash book (je m'en suis fait un pour finir), les cosmétiques maisons (reçus à Noël), les fringues (je suis styliste) et depuis peu: les ventes en ligne de cosmétiques asiatiques. Ce qui en soi est complètement idiot, parce que je suis une quiche en cosmétiques. Moi je me nettoie la peau avec des produits HEMA dont je suis ravie. Mais là, des articles avec plein de petits trucs mignons j'en vois dix à la douzaine. Des mini blushs avec des petites ailes, des stick à lèvres en forme de lapin, des crèmes pour les mains avec des dessins de petites abeilles. Je vois des mots comme Sasa, Gmarket, Wishtrend et en mon for intérieur je pense : "Punaise Odile t'es hasbeen, faut que tu commandes, faut que tu sois "in" comme les autres". Si j'en besoin ? Vraiment, non...

... mais un mouton. Bêêêê, c'est le mot.

Je ne sais pas d'où ça vient. Sans doute parce que j'ai grandis dans une famille nombreuse et qu'on ne pouvait pas avoir tout ce qu'on voulait quand on le voulait. Ma maman se privait beaucoup pour nous. On attendait les anniversaires ou les fêtes comme Noël ou St Nicolas. A l'école on se moquait de moi quand je n'avais pas le même goûter que les autres (tu sais genre les Kinder Bueno) ou quand je n'avais pas la paire de pompes à la mode (à l'époque c'était les Doc Marten), les enfants et les ados sont cruels. Même si au fond de moi je sais que ça m'a renforcé à me battre vraiment pour quelque chose, à ne pas être une pourrie gâtée, une part de moi est profondément frustrée quand je n'appartiens pas à un groupe.

Parce que le propre du mouton finalement c'est quoi ? D'être en troupeau. Se faire guider par un berger et suivre bêêêêêtement ses congénères. Ils courent vers le loup ? Courons vers le loup ! Du coup je ne suis pas sûre de comprendre ce besoin vitale d'appartenir à la masse. D'être comme les autres, d'être dans le coup, genre je suis dans le vent, un peu comme les Beatles. D'un côté ça me permet de découvrir des choses hors de ma zone de confort, mais de l'autre ça m'enlise dans un besoin de surconsommation excessif et complètement inutile voire stupide.

Est ce vraiment un manque de caractère ? Est ce le propre de l'homme de s'adapter à ce point au reste de ces congénères ? Parce que franchement.... Franchement... Qui a BESOIN d'un stick à lèvres en forme de lapin ?

♥ ♥ ♥

Crédit photo: http://www.flickr.com/photos/ribonita/6870923132