dimanche 25 septembre 2016

Peut-on vivre des métiers du web ?

Il y a un peu plus d'un an, j'ai demandé à un spécialiste de "l'argent sur le web" (si on peut l'appeler comme ça), d'analyser mon blog afin de connaître les points à améliorer et ce, dans l'optique de "vivre de mon blog". Je dois t'avouer que son analyse fut un peu contrariante. Il me dit qu'en utilisant des mots comme nostalgie, mélancolie et doute, jamais au grand jamais, je ne pourrais devenir une star du web 2.0. Qu'il fallait que j'oriente mes articles de manière plus positive, et surtout, que mon blog "serve à quelque chose". Comme je ne suis jamais contre un petit défi, cette dernière année, j'ai tenté tant bien que mal d'arrêter de coucher mes doutes sur la toile et de devenir cet exemple que je voulais être. Te faire voir que la vie est belle. Parce que je pense sincèrement que la vie est belle, et t'aider à voir le verre à moitié plein était un challenge que je trouvais très beau.

Quelque temps plus tard, j'assistais à mon fameux week-end entrepreneur. Je me souviens, durant ce week-end une intervenante nous a donné un cours de "speech", sur le "comment se vendre". Son témoignage a été éloquent et motivant. Pourtant une phrase m'a hantée toute cette année : "Personne ne veut travailler avec un geignard". Autrement dit, quand tu es entrepreneur, personne ne doit savoir les difficultés que tu traverses. C'est mieux de ne pas en parler. Personne ne veut savoir que tu es au bord du gouffre, que tes chiffres sont mauvais, que tu ne vends pas, parce que personne ne veut travailler avec ces gens-là. Et dans le fond, je pense qu'elle n'a pas tout à fait tort. Si nous devions remettre cela à l'image de l'entretien d'embauche, il est vrai qu'aucun employeur ne t'engagera si tu as le discours de : "Personne ne veut m'engager, je suis triste et malheureux, je vous en supplie prenez-moi".

Oui mais.

Entre Monsieur Argentsurleweb et Madame Arrêtedeteplaindre, je me suis mis une pression de dingue. Pour pas changer. Alors c'était donc ça ? Plus jamais je ne pourrais te parler ici de mes doutes, de mes peurs, de mes angoisses, de ce que je ressens... Non, je me devais d'être cette fille qui te faisait rêver, tant sur le blog, que sur Instagram, que partout où mon clavier trainerait. Or pourquoi j'ai commencé à bloguer ? Parce que j'avais besoin de parler. Parce que j'ai toujours tenu un journal intime mais que celui-ci, à part m'aider à me libérer de mes émotions, ne m'aidait pas beaucoup en terme d'échange. Moi j'avais besoin de partager, de parler, d'avoir un retour. J'ai toujours écrit, toujours, et j'ai toujours eu une certaine mélancolie dans mes mots, c'est d'ailleurs dans mes moments de faiblesse que j'ai toujours trouvé le mot juste, la bonne tournure de phrase. Je ne suis pas de celle qui décortique, analyse, et entre nous, même si j'adore me pomponner, me faire une beauté et tripatouiller mes doigts dans des palettes, c'est toujours un exercice de style difficile pour moi de t'écrire une revue. Si dans la vie de tous les jours je suis un clown (tu peux d'ailleurs le voir sur mes vidéos), sur le blog, ici, j'ai toujours été Odile Sacoche. Une anonyme qui en avait gros sur le coeur et qui avait besoin de le dire.

life is beautiful

Récemment je t'ai beaucoup parlé du succès, des chiffres, et j'ai bien compris que tu ne comprenais pas pourquoi. Finalement, qu'est-ce que j'attends moi de tout ça ? Est-ce que je suis devenue fausse ? Est-ce que tout ça m'est monté à la tête ? Je ne pense pas. La suite est en fait très simple. L'argent a tout changé. Dans le monde du business, ce sont les chiffres qui priment. Il ne faut pas chercher très loin pour confirmer ma pensée. Plus tu as de l'expérience dans un boulot, plus tu seras payé. Plus tu as des chiffres sur le net, plus tu seras vu par les grandes marques. Et qui est-ce qui offre des contrats ? Les grandes marques ! Le calcul est donc simple. Rassure-toi, je ne fais pas ici parler mon égo, ou mon narcissisme mal placé. Et c'est justement parce que ce n'est pas mon égo qui parle que c'est difficile, car la performance, ce n'est pas moi. Je suis perfectionniste, certes, mais jamais je n'ai été pour la performance. La performance m'angoisse. Enfant, ado, je faisais tout, tout, pour ne plus être la première de classe (à la grande tristesse de ma maman qui me disait que je gâchais mon potentiel). Je me contentais du minimum car d'une certaine façon, même si je voulais briller, je n'ai jamais assumé d'être "la meilleure". Je n'ai d'ailleurs jamais voulu l'être. C'est paradoxal, non ?

Je pense que dans un coin de ma tête, un jour la gloire allait me tomber dessus, comme ça, un beau matin. Un peu comme quand tu te promènes en rue et qu'un chasseur de tête te repère parce que tu es belle, ou grande, ou mince, ou que ta voix est hors du commun et qu'il a absolument besoin de toi pour son dernier film. Je te dis ça parce que c'est arrivé à mon ancienne collègue qui a une voix atypique. Tu vois ? Le vieux fantasme quoi. Un peu comme quand tu es célibataire et que tu penses que tu rencontreras l'homme de ta vie en lui renversant ton verre de vin, sur sa chemise, à un mariage... La réalité en est tout autre.

Bref, si je te raconte tout ça, c'est parce que toutes ces pensées me travaillent de plus en plus. Est-il possible de réussir sur le web ? Quels sont les paramètres pour y arriver ? Faut-il pour autant être à la maison H24 afin de pouvoir écrire un article par jour ? Y consacrer tout son temps, tout son argent ? Bosser comme une dingue chaque minute que tu as de libre ? Quels sont ces "efforts" à faire ? Plus d'un an après avoir pris mon statut de freelance, je ne suis plus sûre de rien... Je me demande si tout cela n'était pas juste une utopie. Parfois je me dis que je n'ai pas assez de talent, que ce blog devrait rester mon hobby. Tout simplement, sans prise de tête. Finalement, je gagne très bien ma vie 38h par semaine, et ce que je fais, je le fais plutôt bien. Pourquoi ne pas m'en contenter et me donner à fond là-bas, dans la vraie vie, dans le concret ? Comment savoir si ce n'est pas là qu'on me donne ma chance, et que c'est là, que je suis censée briller ?

blog belge hobby ecriture

Hier, je regardais une vidéo de Maya Shameless, une artiste YouTube que j'ai découvert très récemment et que j'admire beaucoup. Et c'est dingue comme elle a exactement mis les mots sur tout ce que je ressens. Devrais-je arrêter ? A quel moment on se dit qu'on a trop investi ? L'humoriste Jeremy Ferrari dit dans toutes ces interviews que l'émission "On ne demande qu'à en rire" était sa dernière chance après 10 ans de refus et de déception. A quel moment tu sais que c'est justement LE moment ? A quel moment tu te dis qu'il faut arrêter ? Ce qui est fou, c'est qu'en ce qui concerne Maya Shameless, qui vit de YouTube, c'est que, même elle, avec ces 700.000 abonnés se rend compte que ça ne suffit plus. Que ses chiffres diminuent, et que oui, ces fameux chiffres sont important pour vivre du web.

Je ne veux pas devenir celle que je ne suis pas. J'ai toujours été naturelle. Je n'ai jamais eu peur d'aborder des sujets ici, jamais eu peur de te montrer mes faiblesses, mes doutes, mes peurs et je pense que c'est ça aussi qui a fait que tu es venue me lire. Qui a créé entre toi et moi un lien indescriptible. Chaque jour je te suis si reconnaissante de me donner la chance de vivre tout ce que j'ai déjà pu vivre : quelques contrats, quelques campagnes, la création de ma marque d'accessoires,... Mais j'aime aussi ma vie réelle et je prends tellement de plaisir à lézarder au soleil, lire un bon livre, regarder une bonne série, tandis que cette culpabilité de ne rien faire devient de plus en plus grande. La culpabilité de simplement "profiter" de la vie, plutôt que de passer mes soirs et mes week-ends à investir et à bosser pour rentabiliser mes choix (les cotisations, le comptable, les emprunts,... ). J'ai toujours été la première à dire qu'il fallait croire en ses rêves, mais je me dois aussi d'être honnête, comme je l'ai toujours été. J'aimerais que ce soit "facile", j'aimerais ne plus parler "d'efforts". Alors aujourd'hui je me demande : "Et si tout ça n'était pas pour moi ? A quel moment doit-on se dire qu'on est sur le mauvais chemin et qu'il faut juste... Arrêter ?"

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dimanche 4 septembre 2016

L'affaire Instagram

Je ne suis pas du genre à prendre des bonnes résolutions et à en faire le bilan quelques mois plus tard. En général, je me fixe plutôt un objectif pour l'année, un but à atteindre et j'essaye de m'y tenir. Ainsi l'année de mes 24 ans, mon objectif fut d'acheter un appartement. Cette année, quand janvier pointa le bout de son nez, je savais exactement ce que je voulais accomplir. Et si tu me suis depuis un moment, tu devrais le savoir toi aussi : connaître le succès sur Instagram. Je ne vais pas entrer à nouveau en long, en large, et en couleur sur le pourquoi du comment. Il s'avère juste que mon objectif pour cette année était d'atteindre le 10k.

Dans cette optique, en début d'année j'ai lancé un challenge photo. L'idée étant que je "devais" m'améliorer en photo pour me lancer dans ce défi du 10k. Si les autres y arrivaient, pourquoi pas moi ? La photo c'est comme le vélo, ça s'apprend. Sauf que... Je vais être complètement honnête avec toi, je n'ai jamais voué de passion pour la photo. Comme Elizabeth Gilbert aime le dissocier dans son livre "Comme par magie", j'ai en quelque sorte suivi ma curiosité (tu comprendras à la lecture de ce billet, qu'il ne s'agissait pas de ma curiosité, mais de mon ego qui criait famine : "De la gloire, de la gloire, nourrit moi de gloire").


Et donc me voilà lancée dans mes "cours de photo" par articles et vidéos interposés. J'ai aussi acheté un livre, que j'ai vaguement feuilleté. J'avais mon objectif en tête, et je suis une fille plutôt têtue : je voulais mon 10k. Hors de question de le laisser tomber !

Alors comme tu le sais j'ai commencé à m'intéresser à toutes les stratégies possibles et imaginables. C'est bien simple, je suis une incollable de la gloire sur Instagram. J'en sais absolument tout ! Je pourrais te refaire ton compte, ton thème et tes photos en 1, 2, 3 et crois-moi, je pourrais même me lancer dans des formations sur le sujet. Je sais exactement ce qu'il faut faire pour avoir du succès : quel photo poster, à quel moment, de quelle couleur, dans quel ordre, avec quel hashtag, ce qu'il faut écrire en bio. Tout, tout, tout ! J'ai des conseils à revendre !!

Oui mais.

Oui mais voilà ! J'ai suivi tous ces conseils à la lettre et rien n'y fait. La sauce ne prend pas. 1er septembre 2016, moment du bilan, à quelques mois de la fin de l'année. Pas de 10k à l'horizon. Échec.

Pourquoi je te raconte tout ça ? Parce que aujourd'hui je me rends compte qu'une fois de plus la stratégie ne fonctionne pas. Ou du moins pas pour moi (ou pas toujours, biffe la mention inutile). Qu'il y a un moment il faut savoir baisser les armes. Pas par dépit, ni regret, ni tristesse, mais se dire : "J'ai fait de mon mieux, ça n'a pas marché, je passe à autre chose". Il arrive un moment dans la vie où on donne parfois trop d'énergie à quelque chose qui ne nous est pas destiné. Il faut savoir rebondir, et passer à autre chose. Simplement.


Je ne suis pas défaitiste au moment où je t'écris ces mots. Je ne ressens pas d'amertume ou de colère. Que du contraire, je suis de celles qui pensent qu'il faut sublimer nos points forts, plutôt que s'acharner sur nos points faibles. La preuve est que j'ai passé tant de temps à vouloir satisfaire mon ego en vain. Mais tu sais quoi ? Ton ego aura toujours soif de reconnaissance. Il n'en aura jamais assez. Comme le dirait Elizabeth Gilbert : "Nourris ta créativité et ta curiosité, elles te seront d'autant plus reconnaissantes". Quant à mes points forts, depuis toujours ils sont là, devant mon nez : écrire, dessiner, manger, papoter, copiner... Croquer la vie à pleines dents ! Autant te dire qu'il y a de quoi partager !

Ce que j'essaye de dire c'est que certains chemins sont fait pour être empruntés, certains chemins sont ta destinée, d'autres ne le sont pas. Tu peux persévérer encore et encore et encore, mais si cette persévérance te fait souffrir au lieu de t'apporter de l'apaisement, alors il faut savoir bifurquer. Si par contre, après quelque temps, tu sens que d'avoir laissé tomber te fais souffrir, alors persévère. Encore et encore, et fais taire toute cette souffrance.

Chacun possède sa destinée, j'en suis persuadée. Et ça peut prendre du temps de la découvrir. Mais je suis certaine que lorsqu'on suit notre voie, on brille de tout notre être, et tout devient facile. L'Univers se met dans tous ses états pour te servir. Dans mon affaire Instagram, il ne s'agit pas de succès, ou de connaître la gloire, mais d'établir les bases de sa propre réussite. De s'amuser. Et si un passe-temps ne procure plus d'amusement, mais au contraire culpabilité, jalousie ou comparaison, je pense alors qu'il faudra revoir sa manière d'aborder le sujet. Tu ne penses pas ?

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