dimanche 18 décembre 2016

Être blogueuse

Hier, une lectrice m'a envoyée un message privé sur Facebook pour me dire qu'il y avait une publication dans un magazine hebdomadaire féminin belge à propos d'Odile Sacoche. Alors que je me fais de plus en plus rare ici, le blog semble continuer de vivre (ou vivoter comme dirait mon père). Comme si, du fin fond du trou où je l'avais laissé, le blog m’appelait en chantant : "Toi qui es loin de moi, ne m'oublie pas". Ce qui m'a donné à réfléchir.

Quand on commence son blog, on pense surtout à être lu. Comme je l'ai toujours dit, si on voulait garder tout ça pour soi, on se contenterait d'écrire dans un journal, qu'on enfermerait comme moi, dans un petit sac en tissus, planqué sous la commode. Le blog à cette dimension que le journal n'a pas : les lecteurs, les réaction, le partage. Et c'est grisant ! Les influenceuses (Youtubeuse, Instagrameuses et consort) parlent de communauté. Mais le danger de la communauté, c'est qu'on veut tout faire pour elle, on veut la séduire. C'est bien d'une certaine façon, c'est de là que nait cette notion de partage. Seulement à force de vouloir plaire, on perd un peu notre authenticité. On pense stratégie; à ce qui se vend, à ce qu'il faut faire, aux expressions à utiliser et types de photos à prendre. Tu le sais, je me suis perdue sur ce chemin. Cette dernière année j'ai pensé planification, nombre d'articles, nombre d'heures, partenariat, event, cadeaux... J'ai pensé communauté, au lieu de penser lecteur. Je ne me blâme pas, j'avais un but en tête et j'aurais tout fait pour l'atteindre, comme on m'a toujours appris. Il faut faire ce que l'on sent le plus juste, au moment où on le sent. Forcément, j'ai dévié. Encore et toujours. Happée par ce petit égo qui avait si soif. Tu connais la suite.

En voulant séduire cette "communauté" dont tout le monde parle, comme un Graal sacré à avoir quand on est influenceur, j'ai perdu de vue ce que j'avais ici, et sur les réseaux. Des gens vrais. Des êtres humains qui s'impliquent, qui partagent, qui racontent. Des ami(e)s parfois aussi. Des liens qui se tissent. De l'or entre les doigts.

magazine féminin belge

C'est facile de se perdre finalement. L'être humain est un animal social. Un mouton. Et ce n'est pas là un mal, comme je te l'avais déjà dit. Finalement, on survit mieux en communauté que seul dans son coin. C'est le principe du troupeau. Ce qu'on oublie par contre on pensant "troupeau" c'est qu'on a une voix, qu'on peut s'exprimer, qu'on peut être différent et surtout, que le chemin de l'un, n'est pas le chemin de l'autre. Être soi-même ne veut pas dire, aller contre les autres.

J'ai toujours encouragé le partage. Pour moi, l'essence même du blog c'est ça : partager, échanger. Mais ce que je me suis rendue compte au travers de vos mails, commentaires, ou ce petit encart, c'est que même si j'écris parfois avec nostalgie, en utilisant constamment la première personne du singulier, et en oubliant toutes les règles du blogging (titre, SEO et stratégies), mes réflexions font bouger. C'est ma force, comme une petite révolution. Et ça... C'est magique ! C'est ce qui m'a toujours donner envie de continuer, comme maintenant où je reprends mon clavier pour t'écrire.

J'ai lu récemment que la notion de récompense cassait tout le plaisir et la spontanéité. Si un enfant a envie de dessiner il demandera une feuille et des crayons. Il se mettra sagement sur une table, et pendant des heures (ou quelques minutes, hein, ça dépend des enfants), sagement il dessinera, en se mettant dans sa bulle. Il prendra du plaisir, il découvrira son talent. Puis, fier de lui, il fera voir son dessin à sa maman. Si à ce moment là, sa maman qui était très occupée, se rend compte que pendant X temps son enfant a été sage tout seul, elle le félicitera : "C'est bien mon enfant, quel beau dessin, tu as été bien sage, tiens, voilà un biscuit". Et BIM. La récompense. A cet instant précis, l'enfant se rendra compte que lorsqu'il dessine et qu'il est sage, il pourra recevoir un biscuit. Sa motivation première aura changé de "je dessine pour passer le temps et pour mon plaisir personnel" à "je dessine pour recevoir un biscuit". Je me suis rendue compte que le blogging c'est pareil. Cette enjeu de communauté à envoûter, de marque à attirer, peut nous faire perdre la notion de hobby.

Oh ce n'est pas mal. Vraiment pas. Chacun cherche sa motivation où il l'entend bien. Mais dans mon cas, comme cet enfant, je suis passée de "j'écris pour passer le temps et pour mon propre plaisir" à "tiens si j'écris ça, ou ça, je peux recevoir ça, ou ça" (Biffer la mention inutile : la gloire, les paillettes, du maquillage, l'argent, la reconnaissance, une carrière,... ).

Alors en voyant ce petit encart, ça m'a fait tout drôle. Penses-tu. C'est dingue ! Des gens m'attendent ici ! Je fais du bien. Ce que j'écris fait réfléchir. Et cela va bien au delà du simple bonbon. Comme une mini responsabilité que l'on me donne : "Tu peux faire changer les choses, ou les esprits. Toutes ces années où tu pensais que personne ne t'écoutait, et bien c'était faux. Tu n'es pas seule et aujourd'hui, tu peux aider quelqu'un ". Et franchement, il n'y a pas plus belle récompense que celle-là...

♥ ♥ ♥

Le magazine en question c'est le "Femme d'Aujourd'hui" que du coup, j'ai pris plaisir à redécouvrir !

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