mardi 14 novembre 2017

Et j'avance.

Je sais qu'on dirait que je n'avance pas. Après tout, mes articles sont parfois emprunt de tristesse. D'une touche de déception. Mais en vérité, ce blog agit comme une vraie thérapie pour moi. Toi, lecteur, face à ton écran, tu ne le vois pas forcément. Il faut dire que je ne partage ce que je veux bien partager. Je crois même que je ne partage pas assez les bons moments ici. Comme une certaine pudeur, parce que je me dis que je ne veux pas te complexer, te rendre jaloux. Et tu sais, même s'il y a 1 an, j’ai montré ma tête pour la première fois, j'ai encore beaucoup de mal à me dévoiler et te dire vraiment qui je suis. Je ne te raconte que ce que je veux bien te raconter. Et je dois te le dire, je prends souvent mon clavier quand j'ai des vagues à l'âme. Le fameux mythe de l'artiste torturé.

Je suis souvent "interviewée" pour des magazines ou pour des travaux d'étudiant, et les questions qui reviennent souvent sont : "Mais comment fais-tu ? Comment fais-tu pour écrire de manière si fluide ? Est-ce que tu programmes ? Est-ce que tu as une ligne éditorial ? Quel est le secret derrière Odile Sacoche ?"

Viens approche. Je vais tout te dire.

Il n'y a pas de secret.

J'écris quand je ressens le besoin d'écrire. Et parfois, oui parfois, on se sent découragé à ma lecture. On se dit que je n'avance pas. Que je fais du surplace. Que je suis une personne déprimante. Moi-même j'ai cette impression parfois. Pourtant, je dois te le dire, j'avance. J'avance vraiment. Même si on ne peut pas le voir, pas le toucher. Même si je ne sais pas le prendre en photo pour te le montrer. Je suis bien plus drôle et enjouée que ce que mes écrits ne le laissent transparaitre. Si, si. Vraiment.

Pendant 10 ans, j'ai été styliste, et j'ai créé pour les autres. Je ne sais pas pour combien de clients différents j'ai travaillé. J'étais une machine à "print". Je dessinais parfois 25 versions d'un même motif. J'entendais des "non change encore" ou "essaye cette couleur-là". Et je pense que dans tout ça, il était juste difficile de savoir ce que moi je voulais. Il m'a fallu plus d'un an et demi pour pouvoir simplement me dire : "Ok, j'aime ce genre de musique". Être un artiste commercial, c'est être comme un acteur. On se met dans la peau du client, de celui qui achète. On répond à ses exigences, à ses demandes. On se met vraiment dans sa tête. On fait ce qu'il lui plaît. Et je dois te dire, que je suis très douée à ce jeu-là. Généralement, quand on me demande de créer un logo, je suis tout de suite dans la cible. Est-ce un don ? Peut-être, celui de l'empathie. Je pense que du coup, avec le blog, c'était un peu pareil, j'essayais de me mettre dans ta tête, au lieu de rester dans la mienne.

dessin odile sacoche sketch

Toujours est-il que cette dernière année, j'ai dû prendre du recul. Apprendre à me redécouvrir. Savoir qui je suis. Entre M. derrière l'écran et Odile Sacoche. Quelles sont mes idées ? Et crois-moi, ce processus peut-être long, très long. Parce que plus rien ne nous guide. Quand tu as passé "ta vie" à créer avec des instructions précises, et que du jour au lendemain, on t'enlève toutes tes chaînes, c'est juste... Étrange. Tu n'oses pas. Tu dois tâter. Tu es timide. Tu te demandes si tu vas y arriver.

Alors même si tu ne le vois pas, j'avance. Plein de belles choses arrivent dans ma vie. Des rencontres, des étapes, des bouleversements. Et sache que même si toi tu crois que tu n'avances pas, je peux t'assurer que tu avances aussi (ce sera d'ailleurs le sujet de ma prochaine newsletter... Si l'envie te dit).

Aujourd'hui je sais par exemple que je déteste la photographie. Je ne suis décidément pas douée pour ça et j'ai arrêté de vouloir m'acharner. À l'inverse, j'aime la vidéo, et j'ai envie de l'expérimenter. Je sais que j'adore dessiner des fleurs, et même que j'aime la technique du crayon. Je sais que je suis une touche-à-tout, et que je ne pourrais pas me définir en un seul art. Je ne suis pas juste une ex-styliste, une ex-infographiste, une community manager, un content creator. Je suis un mix de tout ça. Sans étiquette. Que c'est parfois brouillon. Je sais que j'aime la musique Indie, et le rap parfois aussi. Je ne suis pas la plus grande fan d'Harry Potter, mais j'aime la magie du quotidien. Je peux m'arrêter sur un trottoir pour prendre une photo du ciel à la tombée de la nuit. Parce que c'est beau. Et je sais que cette photo sera ratée, mais ça me va. Ça me fera quand même un souvenir, que je ne garderai que pour moi. Je sais que j'adore faire des captures d'écran de livres. En fait, je sais même que j'adore les livres, je ne peux pas m'en passer, c'est ma drogue. J'aime m'attarder sur les mots, sur les phrases. Réfléchir. J'aime regarder des reportages, et souvent, on m'entend dire : "J'ai vu un reportage et j'ai appris que..." C'est mon encyclopédie à moi. Je sais que je veux devenir une artiste. Peut-être même que je le suis. Créer un truc fou. Une performance. Je sais que je suis fascinée par le travail de Natacha Birds et celui de Stromae, que ça me fait peur parfois. Je sais que j'adore le travail post-production, faire des montages, associer des images, coller virtuellement, retoucher des images, bidouiller. Oh oui, j'aime bidouiller. Je sais que j'aime écrire, et tenir des carnets brouillons et raturés. Je sais que beaucoup ne sont pas d'accord avec ma nouvelle galerie Instagram mais qu'à moi, elle me procure un sentiment de plénitude et que j'en suis si fière ! Je sais que je n'aime pas me montrer et que je ne suis toujours pas à l'aise avec mon image, mais que j'aime raconter. Que j'ai un milliard de trucs à dire, et que je vais devoir trouver ma façon à moi de te les raconter. Je sais que j'aime la nature, mais pas assez pour aller m'y balader parce que j'ai peur des araignées et que je n'aime pas la sensation de la terre mouillée. J'aime la musique. Ô que je l'aime. Et je revis depuis que j'ai pris un abonnement Spotify. Je peux juste rester là à écouter une chanson, en boucle. Encore et encore et encore.

Tu vois. J'avance. Et même si mes certitudes ne sont pas grandes, qu'elles peuvent paraître anodines, je m'y accroche de toutes mes forces. Car j'ai aussi la certitude que je peux encore faire plein de choses en tant qu'Odile Sacoche. Même si je me perds parfois, je retrouve toujours mon chemin. Toujours. Et j'espère, qu'ensemble, on pourra encore faire du chemin. Malgré mes doutes et mes remises en question.

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PS : ...Et pour une fois, les photos de cet article, sont les miennes.



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