lundi 8 août 2016

Je suis une fille comme les autres

Quand j'étais styliste, j'avais horreur qu'on me demande ce que je faisais dans la vie et je n'aimais pas dire que j'étais styliste. Non pas que je n'en étais pas fière, mais parce que tout le monde se faisait une idée de ce métier. Une idée complètement fausse. En vérité, je n'ai jamais aimé les clichés et les raccourcis tout fait, comme si dans la vie il y avait des boulots passionnants, et des boulots barbants. Je pense qu'on peut tout avoir à la fois et qu'en ce qui concerne le boulot, il ne tient qu'à nous de mettre un peu de passion et d'aventure dedans. Aujourd'hui, je travaille dans un service clientèle pour une société semi-publique, et quand je le dis, je me retrouve de l'autre côté du cliché : "Et ça va ? Tu aimes ? Ça va ? C'est pas trop dure ? Tu ne regrettes pas ?" Aussi étonnant que cela puisse paraitre, non rien de rien, je ne regrette rien. Je suis bien plus épanouie et je sens que ce que je fais a de la valeur : à mes yeux, et à ceux des autres.


Si je te raconte tout ça, c'est parce qu'en épluchant les réponses du questionnaire pour les concours des 5 ans du blog, j'ai lu quelques suggestions d'articles qui m'ont surprise. Beaucoup d'entre vous m'ont demandée que je filme, ou que je raconte une journée dans ma peau. Et bien que je trouve cette idée amusante, et que je regarde moi-même des "get ready with me", je me suis dit qu'il fallait que je rétablisse la vérité sur celle que je suis. Pas sur les blogueuses, parce que je ne peux parler que sur moi, mais sur ma vie en tant que freelance d'une part, blogueuse de l'autre et employée à temps plein. Et tu veux que je te dise ? Je suis une fille comme les autres !


Quand avant, les gens me regardaient avec des paillettes dans les yeux lorsque je leur disais que j'étais styliste, je leur répondais que je faisais des culottes Hello Kitty pour Aldi (ce qui était vrai). Cela avait le don de les refroidir direct, et moi de beaucoup m'amuser. Quand on me demandait les études que je faisais, j'aimais dire "artistique" parce que les gens pensaient que j'étais forcément une demeurée. Guess what ? On peut être créatif et ne pas être analphabète pour autant. Ces clichés m'agacent. Ceux des blogueuses aussi. Alors aujourd'hui, rétablissons la vérité sur ma vie passionnante... Et vraie !



Le matin, je me lève et la première chose que je fais, comme n'importe quel être humain : je vais faire pipi. Oui madame. J'aurais voulu te dire que j'allume mon téléphone pour consulter mon fil Instagram, ou que je fais des papouilles à Jules (l'homme et/ou le chien), mais mes instincts primaires priment (coucou le mini pléonasme). Ensuite, je ne déjeune pas. Cela me pose d'ailleurs bien des soucis car clairement, mon quotidien n'est pas instagrammable. Pas de bol aux fruits, pas de smoothie, pas de Starbucks (allez si, parfois). Un grand verre d'eau, un Yakult. Point. Ensuite je sors le chien et ça qu'il pleuve, qu'il neige où qu'il vente. Et chaque matin je le sors... En pyjama ! J'enfile juste une vieille paire de baskets dégueulasses (que j'ai appelés "les baskets du chien") et un vieux legging qui traine, pas maquillée, pas coiffée en prenant soin d'éviter âme qui vive. Je remonte, je m'habille, me maquille, fais ma toilette (tout ça dans le désordre) et je pars travaille en transport en commun. Durant ce trajet je lis, un livre, un vrai, ou bien sur ma Kobo, et c'est seulement quand j'arrive au boulot que je regarde mes mails ou mes actus sur mon téléphone. Et puis je travaille, toute la journée. Je mange un sandwich à midi. Rien de passionnant. Je rentre, je sors le chien, on prépare à manger et je blogue (ou je me tape devant la télévision). Une douche et au lit vers 22h30. Parfois il m'arrive de faire le ménage et de recevoir des amis (oui j'ai une vie sociale). Mais VOILA ! C'est tout.


Alors certes, tenir un blog cela demande du temps. Beaucoup de temps, tellement de temps que cela explique que je ne sois pas aussi régulière que d'autres et qu'actuellement je n'arrive pas à bloguer plus que 2 fois par semaine. Bien sûr, je passe mes samedis à la poste pour aller chercher des colis de partenaires et bien sûr, je reçois beaucoup de choses (quoi que, pas encore tant que ça). Mais je ne "mange pas blog" et ce qu'il faut savoir, c'est que je ne suis pas arrivée là par hasard. Cela fait 5 ans que je blogue  de manière organisée et mon avancée est très très lente comparée à celle des autres. Seulement tu sais quoi ? Comme j'aime le dire, ne te compare pas. Tu es la personne la plus parfaite pour être toi, et personne ne peut l'être à ta place.


Si je voulais t'écrire cet article aujourd'hui, c'est parce que je voudrais qu'on arrête avec ce complexe des réseaux sociaux, de la vie de rêve (et c'est valable pour moi aussi, car comme toutes les filles, j'ai plein de complexes). Ou de la jolie vie instagrammable. J'ai grandi avec internet mais quand j'avais 15 ans, tout cela n'existait pas. Je rêvais à travers les magazines et je me rendais bien compte que tout cela était "de la pub". Aujourd'hui ça a changé et on parle désormais de "personnal branding". Tu te rends compte ? On a inventé un terme pour dire qu'on se vend soi-même, comme une marque. D'ailleurs comme le dit si bien Paul Arden* : "Tout le monde est un vendeur". Quand on veut vendre (son image, son CV, un produit qu'on a aimé, un conseil, une destination de voyage) on utilise bien forcément les meilleurs mots et les meilleurs images.


Tout le monde est un vendeur


Je ne critiquerai jamais les blogueuses, instagrammeuses ou youtubeuses qui font tout cela pour vendre : c'est leur métier. Il n'y a rien de mal (et soyons honnêtes, je rêverais de pouvoir le faire) mais gardons la tête sur les épaules : c'est un choix qu'elles ont fait à un moment M de leur vie. Ce que tu vois c'est ce qu'elles veulent bien te montrer. Quand tu passes un entretien d'embauche, tu y vas sous ton meilleur jour, avec des jolis vêtements, une belle allure. Instagram, les blogs, Youtube, c'est la même chose. Je ne jette pas la pierre car chacun a le droit de choisir son chemin de vie, de carrière, selon ce qui lui parait juste.


Soyons clairs, je ne suis pas en train de dénigrer ma vie via cet article. A mes yeux, ma vie est formidable et j'ai la chance à 32 ans d'avoir accomplis absolument tout ce que je voulais accomplir. A 14 ans j'avais le rêve de devenir styliste : je l'ai fait. Je suis venue, j'ai vu, j'ai vaincu. Aujourd'hui, je rêve de monter mon projet, de travailler de chez moi, de dessiner, d'être une "influenceuse" et je me donnerai les moyens de le faire. Mais ma vie n'est pas parfaite, et surtout, j'ai la vie que je me construis. A mon rythme. Si d'autres y sont arrivés pourquoi pas moi ? Et surtout, pourquoi pas toi ?


Ne jalouse pas la vie d'autrui, motive-toi en te disant que si c'est possible pour cette personne, c'est possible pour toi aussi. Et vraiment, ne te complexe pas avec ce que l'on veut bien te montrer. Une dernière petite anecdote : j'avais vu un reportage il y a bien longtemps, sur une tribu d'Amazonie, qui avaient été colonisée à l'époque par nous les occidentaux du temps des colombs. Nous sommes arrivés là les caisses plein d'objets, de bijoux, de nourriture et de vie invraisemblable nous faisant passer pour des rois. Et pourtant voici ce que le chef de la tribu raconta au journaliste : "Un jour, un chef blanc est parti dans la forêt et nous l'avons suivi en cachette. Quel ne fut pas notre surprise de voir qu'il allait faire ses besoins et que ce qui en ressortait avait la même couleur et la même odeur que nous..."


C'est une métaphore peu glamour je te l'avoue, mais garde en tête que nous sommes tous des êtres humains, avec les mêmes besoins : manger, dormir, boire, éliminer. Et que la vie, la vraie, ce n'est pas du personal branding sur Instagram.


♥ ♥ ♥


* Référence au livre Vous pouvez être ce que vous voulez être


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