jeudi 11 février 2016

Sommes-nous tous des moutons ?

L'autre jour j'ai eu une conversation plutôt intéressante avec ma collègue : je lui parlais de mon compte Instagram et je lui faisais part de mon envie de m'améliorer. Je lui disais un peu désespérée que je ne savais pas comment m'y prendre car j'avais l'impression que tous les comptes Instagram étaient les mêmes, et que tout avait déjà été pris. J'ai donc commencé à lui montrer les comptes que je suivais et je lui dis : "Tu vois, c'est trop beau ces photos blanches, et roses, et poudrées et douces, j'aime tellement, mais je ne vois que ça alors comment me différencier ?" Ce à quoi elle me dit : "Ce n'est pas vrai, il n'y a pas que ça". J'ai maintenu que si moi je ne voyais que ça et elle m'a répondu quelque chose de très pertinent. Elle me dit : "Tu ne vois que ça parce que c'est ton univers. Moi ce n'est pas ça que je vois. Je traine beaucoup sur Tumblr et je ne vois que des photos en noir et blanc, ou des photos de guitare. Parce que j'aime ça, parce que c'est mon univers. Donc d'une certaine façon, je cherche les images correspondantes à mon univers". Et je m'en suis allée souriante en pensant à ma loi de l'attraction : on attire à soi ce à quoi on aspire.

Depuis, j'ai beaucoup réfléchis à cette conversation car je trouvais ce discours très rassurant et déculpabilisant. Je vais t'avouer quelque chose, je déteste la polémique. D'ailleurs, si tu me suis un peu tu sauras qu'ici je fais toujours bien attention à ce que je dis. Jamais je pense n'avoir écrit d'article pour faire le buzz, et pourtant j'ai le sentiment que les articles du genre sont à la mode. On débat, on ajoute son grain de sel et on débat encore. Ça me dérange. Et tu sais pourquoi ? Car j'ai un jour lu un livre sur le référencement qui disait qu'une technique facile pour gagner des vues étaient de faire un article controverse...

Tu vas me dire que je te perds. Quel rapport entre la conversation de ma collègue, les moutons et le fait de débattre ? Avant de te dire exactement où je veux en venir, je voudrais te parler encore d'autre chose. Quand j'ai ouvert le blog il y a 4 ans, je ne cessais de voir fleurir des articles sur les magazines. Les blogs sont-ils légitimes ? Les magazines sont-ils devenus des torchons tous identiques ? Les journalistes des vendus ? Les blogueurs les rédacteurs de demain ? Est-ce que les magazines ne sont pas devenus des vitrines nous poussant à la consommation ? Et j'en passe. Je n'ai jamais pris part à ce débat parce que depuis toujours j'aime aller me chercher ma petite dose de Biba. C'est léger, c'est joli, il ne m'en faut pas plus. Ça me détend, ça coûte 2 balles, et basta, je referme les images. En plus de ça, après, je les utilise pour du collage (mais ça c'est une autre histoire). Bref, je prends ce que j'ai envie de prendre. Parfois un magazine me fait acheter quelque chose, parfois mon libre arbitre joue et me dit que c'est de la camelotte. J'ai toujours vu les magazines pour ce qu'ils étaient : un moment de détente, un outil de loisir.

Tu commences à voir où je veux en venir ? Les blogs. Depuis quelques mois je ne cesse de voir fleurir des articles de blogueuses sur les autres blogueuses. Un vrai phénomène de buzz mode. On crie à l'uniformité, à la comparaison, à la copie. Je crois lire les mêmes discours qu'à l'époque de la révolte anti-magazine. À se demander si ce n'est pas un complot.

Les arguments utilisés dans ces articles m'ont fait repenser à cette conversation que j'ai eue avec ma collègue. À sa vision que j'avais trouvée juste et rassurante. J'attire à moi ce que j'aime, ce que je vois. Or ma passion, mon domaine de prédilection, c'est le web et les blogs. Je dirais même que ce sont les blogs féminins. Et qu'est ce que j'aime ? Les blogs beauté, lifestyle, pure, rose et poudré.

Ce que j'essaye de te dire, et de répondre à cette vague d'article qui crie au scandale comme quoi nous sommes tous des moutons, c'est que peut-être nous attirons à nous ce que nous aimons ? Finalement nous venons toutes du même univers, la même tranche d'âge et donc nous aimons un peu toutes la même chose. Est-ce que c'est mal ? Je ne crois pas. Dans 10 ans, nous aurons évolué et donc nos goûts aussi. Et nous aurons à nouveau des contenus similaires car notre génération aura grandi. Je parie que bientôt nous allons toutes bloguer "maternité" parce que c'est normal ! Nous avons ouvert nos blogs dans la vingtaine, et la vie fait qu'un jour nous serons peut-être maman et que nos centres d’intérêt vont évoluer. Du rose on passera aux langes et on vantera les mérites de Pampers. Je vais te dire quelque chose, je suis issue d'une famille de quatre filles. De nous quatre, je suis la seule à aimer cet univers, la seule qui traine sur la blogosphère. Aucune de mes deux meilleures amies ne partagent cet univers rose et girly. Mon entourage découvre avec moi les blogs (parce que je leur en parle) et à leurs yeux je suis une "originale". Pourtant ici, à en croire ce que je lis, je ne serais qu'une " copie" de ma voisine. Étrange non ?

Copier son voisin c'est mal

Toutes ces histoires me poussent à la réflexion. Et si ma collègue avait raison ? Et si nous ne nous copions pas les unes les autres mais que nous nous attirions les unes les autres ? Parce que nous partageons toutes les mêmes passions, les mêmes centres d'intérêt ? La mode a toujours existé, mais ce que je sais aussi c'est que, ce que l'on retient de la mode des années 2000 c'est la multiplication des "tribus". Nous faisons partie de la tribu des photos blanches et des rouge à lèvres MAC. Ma collègue fait partie de la tribu des Doc Martens et de Nirvana. Chaque tribu a son univers, ses codes, et chaque membre de la tribu apporte une pierre à l'édifice. Est-ce qu'elle l'uniformise ? Je pense plutôt qu'elle la façonne, la confirme. Ce n'est pas mal de vouloir être comme tout le monde. Comme ce n'est pas mal de vouloir être différent (ce qui est mal c'est de copier et de plagier mais ça c'est un autre débat).

Si j'avais fait partie de l'univers des gamers, j'aurais attiré à moi la sphère de Mario Bros et de World of Warcraft. J'aurais regardé les vidéos de Squeezie ou de Wartek. Sur ces sphères là j'aurai trouvé 35.000 fois la même revue sur le même dernier jeu vidéo à la mode. J'aurais peut-être affiché mes titres en couleur criarde et en me filmant dans le noir avec mes écouteurs de marque X sur les oreilles. Tu vois, chaque univers à ses codes, ses leaders, ses suiveurs. Tout comme la blogosphère féminine à les siens. Un jour une nana va arriver tel le messie qu'on attendait toutes, en indiquant que le orange est hyper tendance et nous allons tous la suivre. Parce que oui, parfois, ça arrive que certains soient des marginaux qui bousculent tout et réinventent les codes. Je dis bien réinventer les codes. Et non pas les inventer. Car on s'inspire toujours de quelque chose. Oui. Toujours. Mais soyons honnêtes, ceux qui sont fiers de leurs différences au point de tout réinventer ne sont pas nombreux. Il en faut du courage pour oser être différent.

Alors sommes-nous tous des moutons ? Peut-être bien. Est-ce si mal ? Peut-être pas. Ne dit-on pas que nous sommes plus forts ensemble ? Que plus on est de fou plus on rit ? Cessons donc de montrer du doigt. Oui c'est vrai, nous vivons dans une société de consommation. Oui nous sommes victimes des marques, nous achetons, pas toujours bien. Mais notre mission devrait simplement d'être bien dans ses baskets, pas de chercher sans arrêt le coupable à nos perversions (la société, les blogs, les magazines, les marques, les partenaires, les blogueuses "stars", et j'en passe). Ce que je vois moi, ce sont des blogs féminins qui analysent d'autres blogs féminins. Qui a raison, qui a tort, est-ce vraiment si important ? Quand on arrive au bout d'un sujet, pourquoi ne pas agir et tenter de devenir ce leader qui instaure du orange ?

Je continuerai toujours d'acheter des magazines et d'écrire sur mon blog. Je sais que je vais évoluer, mes goûts vont changer, mais je serais toujours fière d'être de la tribu des blogueuses. Fière de mon contenu. Fière de ce que je vois, de ce que j'apprends. Fière de me sentir inspirée par vos talents. Fière d'interpréter, d'apporter ma pierre à l'édifice, de faire partie d'un univers. Je serais peut-être un jour leader, ou je resterais peut-être toujours suiveuse. Mais je serais fière d'être moi. C'est je crois, le plus important.

De simples moutons ? Pas sûre. Et si nous étions toutes la pièce d'un puzzle géant ? Et que l'image finale serait un joli carnet rose, agrémenté d'un café et d'un bouquet de fleur ? Ne pouvons-nous pas simplement être fière de cela ?

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