mercredi 11 avril 2018

Tout quitter et vivre dans une Tiny House

C'était il y a environ 4 ans que j'ai commencé à voir une coach. A l'époque, j'y allais pour mes soucis au boulot, parce que je me sentais perdue. Quand cette "thérapie" a commencé, c'était comme un jeu de domino. A chaque séance, un pan de ma vie tombait. Et je pense que j'ai eu besoin de détruire tout un tas de murs, pour en reconstruire de nouveaux. Je me souviens, un soir je lui ai dit : "Je veux tout quitter, tout arrêter. Partir vivre sur une île déserte, ne vivre que du minimum, et qu'on me foute la paix". Ce à quoi elle a répondu : "Mais qu'est ce qui t'en empêche ?". A l'époque ce n'était pas possible. J'étais propriétaire de mon appartement, en CDI, et follement amoureuse de mon homme (entre temps, je te rassure, je suis toujours follement amoureuse de lui). Partir était impensable, même si, ce désir me démangeait, au point parfois de me rendre malheureuse.

La solution à ce souci ? Une forme de méditation. Ma coach m'a alors suggéré de m'imaginer chaque jour sur une île déserte. Je rentrais du boulot et je criais à mon homme : "Je pars sur mon île". Chaque soir, je m'imaginais y vivre, y crier, y pleurer, y faire tout ce que j'avais envie de faire. C'était apaisant. C'était mon île. J'ai même créé une board sur Pinterest où je récoltais des images de mon île magique. Ce lieu où je pouvais me retrouver. C'était vraiment puissant. Petit à petit, j'ai commencé à aller mieux. Là où ma vie semblait être un vrai foutoir, j'ai commencé à tout reconstruire. Sur des bases plus solides. J'ai changé de boulot, je n'ai pas changé d'amoureux, mais nous avons déménagé, et nous avons même conçut ensemble la chose la plus magique qui soit : un enfant qui grandit dans mon ventre.

Et puis l'année passée, une épreuve un peu difficile est venu ébranler mes murs. Comme un mini séisme. Ce genre de truc que tu ne prévois pas, qu'on ne te dit pas, qu'on ne s'imagine pas. J'ai tenu mes murs, ils sont restés debout tant bien que mal. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à m'intéresser au minimalisme. A faire le tri, désencombrer, vendre, donner, jeter. Cette envie de "tout bazarder" répondait à un besoin, à cette période difficile que je traversais (et que je ne pense pas aborder en profondeur ici). Depuis, dès que j'ai un coup de mou, je reviens au minimalisme. Il est la réponse à plusieurs de mes questions mais surtout il répond à mon besoin de simplicité. Moi qui me prends toujours la tête pour tout.

Plus j'ai avancé plus j'ai eu ce besoin de simplifier ma vie. De tout simplifier. De m'alléger. Ce qui s'est beaucoup ressenti ici sur le blog. Et j'ai poussé mes réflexions minimalistes au plus loin que je pouvais. Jusqu'à m'intéresser à la fameuse Tiny House.

Au début, j'étais juste admirative et vraiment curieuse du mode de vie de ces gens. Je trouvais ça chouette que certaines personnes repensent complètement le concept de "l'American dream". Partant dans un trip totalement opposé. Et puis je suis tombée sur un reportage (j'en ai tellement vu, je ne saurai te dire lequel) d'un gars qui avait quitter son full time job pour travailler à mi-temps comme barman dans un petit café de village. Il a vendu sa maison, pour vivre dans un petit appartement. Il passait ses journées à voir ses amis et à refaire le monde. Une idée s'est alors mise à germer dans mon esprit fertile : "Waw, ça doit vraiment être bien, de tout quitter et de vivre dans une Tiny House".

Quelques mois plus tard, j'achetais ma grande maison (toujours avec mon homme, toujours follement amoureuse de lui). Et puis je suis tombée enceinte. Et nous avons commencé à chercher des crèches. La réalité de la vie nous a vite rattrapés. La maison, l'emprunt, le bébé. Les courses, les factures. S'organiser, se lever tôt, ne pas dormir. Laisser son enfant, petit bébé, à une inconnue. Chaque jour. Chaque. Jour. Prendre le risque de ne pas le voir grandir, ne pas le voir faire ses premiers pas, courser après le temps, après l'argent. Pourquoi déjà je voulais une maison ? Ah oui ! Pour assurer une place confortable à ce futur petit moi. S'assurer qu'il (ou elle) ne manque jamais de rien. Lui offrir ce que parfois je n'ai pas eu. Oui mais pourquoi ? A quel prix ? On dit que le temps c'est de l'argent. Ne vaut-il mieux pas avoir plus de temps ? Pourquoi déjà je dois aller travailler ?

Est-ce que ce ne serait pas mieux de... Tout quitter et vivre dans une Tiny House ?

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Cette idée s'est faite de plus en plus forte. Elle me faisait même presque mal : il faut que je me débarrasse de toutes mes affaires. Que je coupe toutes mes dépenses. Que je vive comme une nonne boudhiste (mais amoureuse, pas folle la guêpe). Dans mon discours, je me suis même entendu dire plusieurs fois : "Mais notre société est horrible ! Pourquoi elle nous oblige à faire ça ? Se lever quand on est encore fatigué, aller dormir quand on resterait bien une heure de plus ? Mais pourquoi l'homme a inventé ce système cruel d'aller travailler ? On ne pouvait pas juste rester au temps des cavernes ? Juste vivre dans une grotte. Loin de tout ?" Jusqu'à ce lundi de Pâques un peu calme, où je me décide enfin de prendre le temps de regarder ma liste de "à regarder plus tard sur Youtube", dont ce reportage d'une heure sur la puissance de l'intention. Bien que le message de ce documentaire n'était pas du tout sur le minimalisme, une phrase, un discours, de quelques secondes a attiré mon attention. Un des coachs disait quelque chose comme : "Tout quitter pour partir vivre dans une grotte, se couper de tout et de tout le monde n'est pas la solution." Juste après cette phrase, il a comparé cet acte au suicide, aux problèmes d'alcool, de drogues.

Et BIM.

"Tout quitter et vivre dans une Tiny House, ce n'est pas une solution". C'est une fuite. C'est une solution de facilité. C'est couper un problème. Se couper du monde. Se couper de soi (il disait d'ailleurs quelque chose comme ça aussi). Je me suis mise à penser à tous ces couples qui partent faire le tour du monde avec leur sac à dos, en quête de sens. Et qui reviennent parfois un peu bredouilles. Inadaptés.

Je me suis rendu compte qu'en adoptant le discours de la Tiny House, je me positionnais en rôle de victime. Et dans le fond, quel est mon rôle à moi ? Qu'est ce que je fais moi pour faire changer les choses ? Pour faire cette fameuse différence ? Est-ce qu'en tout quittant pour vivre dans une Tiny House j'aurai un message fort à faire passer ? Non. Puisque l'idée est justement de disparaître... On remplace le rêve de l'American Dream par un autre rêve, plus simple. Mais au final, on continue de se comparer à la vie des autres, sans prendre le temps d'apprécier la vie qu'on a (...et que souvent, on a choisit). On remplace un problème par un autre. Mais tu sais, comme le vieil adage le dit, l'herbe n'est pas plus verte ailleurs. J'aime rajouter, que beaucoup de gens passent du temps à l'entretenir, à la colorer, la couper, la bichonner ou lui mettre un tas de produits chimiques pour la faire pousser. Cette herbe est une illusion...

Je pense que parfois, on doit juste s'asseoir face à soi. S'écouter. Se connecter. Se demander pourquoi on veut partir vivre sur une île déserte ou dans une Tiny House ? Pourquoi on veut cette vie-là en particulier ? Qu'est-ce qu'elle nous apporte de plus que celle que l'on a ? A quel besoin elle répond au juste ? Vivre dans une Tiny House répond à mon besoin de liberté. Mais en fait, je suis déjà libre. Le minimalisme répond à mon besoin de simplicité. Que puis-je alors amener dans mon quotidien pour assouvir mon besoin de liberté et de simplicité ? En fait, avoir le beurre et l'argent du beurre c'est possible.

Ce documentaire m'a fait comprendre qu'il fallait reprendre son pouvoir. Son propre pouvoir, mais le pouvoir de sa vie aussi. Comme le dit David Laroche : "Reprendre son pouvoir, c'est vrai, ce n'est pas facile. Mais être malheureux, ce n'est pas facile non plus. Alors que préfères-tu ?".

Tout quitter et vivre dans une Tiny House ? Plus aussi sûre...

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